lundi 26 décembre 2016

32) BLAISE LE WENK


Blaise Le Wenk par Marc Schweizer




Une destinée hors du commun


Voici une personnalité étonnante découverte par hasard en naviguant sur le web ; une personnalité comme je les aime : franche, brutale, corrosive, fière, attachante, turbulente, féroce, vigoureuse, atypique, généreuse !

Ah ! Blaise Le Wenk n'est pas un petit bourgeois sage, fort en thème, arriviste, bête à concours, soumis, docile, avec une âme de fonctionnaire. Gérard Wenker est une bête sauvage ombrageuse et farouche, à manipuler avec prudence, mais une belle bête loyale, royale !

Blaise va grandir…





Fils de Tobias, un père atypique (pour un Helvète), antiquaire, libertaire, joueur, anarchiste, souvent en coquetterie avec la loi, et d'une mère cultivée, la « belle Hélène », pudique, rêveuse, écrivain, poétesse, modiste, Blaise connut une enfance heureuse.
Avant la guerre, ses parents sont gérants du Casino de la cour St. Pierre à Genève salle de spectacle au cœur de la vieille ville, qui rénovée avec goût, abritera pendant la guerre des troupes de théâtre françaises repliées en pays neutre, comme celle de Charles Dullin.

Gérard prend ses marques…

Sur les pavés de la cour St.Pierre

Après le naufrage de leur entreprise, ses parents se séparent. Blaise est confié à sa mère qui le chouchoute et le gâte l'élevant du mieux qu'elle peut.
À 8 ou 9 ans, Gérard vit donc seul avec ma maman, chemin des Avanchis, à la Chapelle sur Carouge. Ses deux papas sont mobilisés.
Le garçon est inscrit à l'école de Plan-les-Ouates. En ces temps de guerre, la Suisse est un îlôt de paix, subissant certes quelques bombes perdues et des restrictions alimentaires très supportables.
Blaise adolescent…



  • Je finirai par y arriver vers l'âge de 10-11 ans je crois, raconte Gérard, lorsque pour la seule et unique fois ma mère me fila une baffe et me priva de lecture durant un mois, vous vous rendez compte ! Je m'étais endormi avec Justine de Sade et Salammbô de Flaubert auxquels d'ailleurs je n'avais pas compris grand-chose. Le Kamasûtra illustré sera plus explicite. Manon Lescaut de l'Abbé Prévot et le très, très polisson Histoire de l'Œil, de Lord Auch alias Georges Bataille. Je commençais à entrevoir un monde d'adulte trouble et inquiétant. 



  • C’est ainsi que je devins un dévoreur de livres et un rêveur d'aventures. »
– Il est où papa ?
– En voyage.
Le dimanche 17 septembre 1939 à 10 heures du matin, j’attends mon père seul sur les marches de la cathédrale Saint-Pierre une grosse valise en osier à mes pieds. Maman surveille depuis la fenêtre de la cuisine.
– Je ne tiens pas à revoir ton père me dit-t-elle.
Avec toujours la même rengaine :
– Tu comprendras quand tu seras plus grand.



Suède - Sur l'île du Gotland en 1953







Juillet 1948 – « L'école se termine pour moi » Gérard reçoit un livret scolaire et un certificat de fin d'études qu'il « espère ne jamais devoir montrer à quelqu'un ! »






– Mais, qu'est-ce qu'on va faire de toi ! ne cesse de répéter maman.
Après m'avoir fait passer un test d'orientation professionnelle qui ne donne rien, vu que je refuse de faire leurs tests débiles, ma mère me confie enfin à mon vrai papa.
– Tiens, occupe-t'en, après tout c'est ton fils aussi.
Gérard devant le Grand Canyon en 1980.



Après un début de vie protégée, active, joyeuse, et une adolescence turbulente, parfois un peu agitée, Gérard Wenker vit aujourd'hui à une petite cité vaudoise, dont le château altier et son histoire lui ressemblent. Il se construit là une existence sur mesure, riche et forte, poursuivant auprès d'une épouse aimée, cette vie libre qu'il nous raconte avec une franchise gourmande à travers une trilogie où il « dialogue avec sa mémoire »

Le château de La Sarraz.



Sa « Triplici Vita »
– Graine de potence : Apprentissage  → Justice.
– Ma dramatique aventure Algérienne.
– Trafics : Amour → Mort → Enfer et Damnation.
Vies parallèles
Nos deux vies parallèles, à la fois si proches et si dissemblables, auraient pu se croiser à Genève, dans la vieille ville, à Nyon, en Norvège ou en Algérie. Il n'en fut rien ! Nous avons connu, lu ou aimé Cendrars, Cyrulnik, Jack London, Ohsawa et combien d'autres ! Nous eussions pu nous retrouver à la librairie Prior, à l'Estaminet St Germain, sur la place des Armures devant la Maison Tavel où je demeurais, ou bien encore au Creux-de-Genthod ! Mais c'est sur le web, quatre-vingts ans plus tard, grâce à nos MAC, que nos routes virtuelles se rejoignent !

Marc S. - 2012


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Suite : Résumé d’après mes propres souvenirs
Cette première partie de ma vie traite de mes années d’enfance heureuse, de mon adolescence tumultueuse et de la suite franchement peu recommandable. 
Tobias mon père ; joueur, antiquaire, libertaire, anarchiste et la belle Hélène ma mère ; écrivaine, rêveuse, poétesse, pudique, modiste.  
Moi Blaise, le "bo-bb"à sa maman, enfant gâté, bien éduqué qui devient peu à peu une graine de potence sous l’influence pernicieuse d’un père sans foi ni loi.
Ce récit traite de cette dérive qui m’amène après de multiples larcins à rendre des comptes à l’injuste justice des hommes et à la divine, plus radicale et définitive.

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Ah ! ces années merveilleuses de mon enfance où je croyais tout ce que l’on me disait ou tout ce qui m’entourait passaient à la moulinette du féerique, où les mots mensonges — vol — viol — crime — mort, n’avaient encore aucune signification, où le mot "maman" remplissait à lui seul l’univers de mes interrogations.
Que ce temps d’une conception immaculée du monde est court... et comme il disparaît rapidement au profit de l’incertaine réalité du bien et du mal.
Quelques années d’école et le voile se lève peu à peu sur la face cachée de toutes choses. Sur les règles de ce qui est permis ou défendu, sur l’ordre, sur la loi du plus fort ou du plus riche, sur l’injustice de la justice.
Encore quelques années et c’est la mort ou la disparition, ce qui est pareil, qui font leur apparition. Grand coup de poing au creux de l’estomac, souffle coupé ; maman est partie là haut, main levée, doigt pointé en direction du ciel ou... papa a quitté la maison et ne reviendra pas, ce qui est pareil.
Là, encore tout frais émoulu de la prime enfance, tout tendre, sans protection, sans indifférence, ça fait mal, mais on s’en remet.... enfin pas tous. Puis le temps fait son œuvre, on oublie ; on a 20 ans.
Ouf ! j’y suis arrivé à peu près entier, le monde, l’amour, les plaisirs ; me tendent les bras, la vie commence maintenant.
J’oubliais, encore un petit intermède "si tu veux être un homme, mon fils". Il y a eu la première communion ou on t’a appris à aimer ton prochain, maintenant il a l’école militaire ou on va t’apprendre à le tuer et accessoirement à ne pas te faire tuer, toi.
Le problème c’est que chaque pays a son école à apprendre à tuer l’autre, et nous sommes toujours l’autre de quelqu’un. Alors là t’as intérêt à tomber sur une de ces rares périodes qu’on nomme PAIX, sinon il y a une grande malchance pour toi et pour des milliers d’autres... que nos 20 ans — amour, toujours c’est pour la vie, etc. rime avec ; à mort — fini — les carottes sont cuites.
Ou alors... si t’as vraiment du pot, comme moi, faut être né dans un pays neutre, comme la Suisse ou la Suède par exemple, mais c’est rare et nous sommes pas beaucoup à avoir cette chance.
Arrivé là... si tu y es arrivé ! La première partie de ta vie est passée, tu ne crois plus en rien, tu fais ce qu’on te dit "alignez couvert "et tu te couvres quand tu sors. Allez... un petit coup de chance quand même ; tu trouves l’amour, tu l’épouses, vous avez des enfants, t’as un bon boulot, de la "tune" ça roule... tout coule ; le bonheur quoi !.
Deuxième temps de la vie, l’âge adulte, t’es en plein dedans mon gars. T’as eu ta part de bonheur, stop ! ça suffit… il en faut pour tout le monde. Ta femme meurt d’un cancer, tu perds ; un enfant, ton boulot, la boule… au choix... — les quatre ? — Tous en même temps ? OK. Comme ça t’es tranquille pour un bout de temps, oui je sais il faudra bien une dizaine d’années pour s’en remettre. Lis les livres de Cyrulnik, il appelle ça "la résilience"ça peut aider, mais faut être quand même doué.
Je l’étais...

Marie






Enfin le grand Amour... je le tiens, je le serre, je l’épouse et.. Je le perds avec un enfant parti dans un amas de tôle pour faire bon poids. Mais maintenant j’ai la résilience, je m’en remets... au bout de 5 à 6 ans quand même.







Mon Dieu ! Un petit coup de main, j’ai bien payé, n’aurai-je pas le droit à ma part de chance, s’il te plaît, indique-moi le chemin du bonheur.
N’y aurait-il pas une autre voie ? Pour une autre vie, dans un autre monde où on ne mourrait pas avant l’heure, où on ne serait pas malade, ou il n’y aurait pas de guerre, pas de famine, pas de profit, pas d’orphelin, pas de pauvre, pas d’accapareur, pas de pollueur, pas de menteur, pas de peur, pas de pleurs. Juste des fleurs et du bonheur.
Merci... merci. Mais de rien, il fallait juste demander… juste. Tout est écrit-là... c’est tellement simple, pourquoi personne ne veut comprendre, pourquoi commettons-nous tant d’erreurs, pour notre plus grand malheur.
Arrivé à mi-vie à la croisée des chemins, j’ai perçu là-bas au fond de la nuit de mon désenchantement, une lumière de vérité, maintenant je sais qu’elle existe... venant de si loin !… Pourrais-je la saisir ?

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Partie 2 : Révolution - Algérie 1954 les années douleurs.
C’est pour tenter d’échapper à cet inquiétant destin que les dés décident de m’expédier en Algérie à la mauvaise date, où je vais m’impliquer, bien malgré moi, du bon ou du mauvais côté de la barrière, c’est selon… dans cette sanglante guerre de libération.
L’odyssée du "petit-suisse"(moi), parti à la mauvaise date et à la mauvaise époque, pour une lune de miel, qui sera pris malgré lui dans la tourmente tragique des années rouge sang de la révolution algérienne.


Il lui faudra choisir entre son petit confort et ses convictions sociales héritées de son pays d’origine et la révolte de sa conscience devant l’exploitation abusive d’indigènes frustrés de leurs terres ancestrales par les dérives d’une colonisation qui ne dit pas son nom.
Engagé par un des plus riches propriétaires d’Algérie, il sera confronté à la dure réalité du terrain, à l’injustice, à l’impitoyable tyrannie, à la brutalité allant jusqu’à la mort, dans l’indifférence aveugle et cupide des maîtres du jeu.
Il ralliera la cause de l’indépendance, aidant les rebelles ou combattants de la liberté, c’est selon… suivant de quel côté on se trouve !
Lorsque l’heure de régler définitivement les comptes viendra, la main de Dieu ou d’Allah, c’est selon ! étendra sa protection le préservant d’une mort certaine.

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Partie 3 : Trafics (en tout genre) 
De retour dans la pacifique Helvétie, mes vieux démons d’antan me reprennent. Jeux, maîtresses, trafics en tout genre occupent à nouveau tout mon temps. La mort dramatique de mon épouse Marie avec laquelle j’ai vécu la sanglante aventure algérienne, provoque enfin l’électro-choc qui me ramène à repentance, après m’avoir jeté dans les profondeurs du désespoir. 
Par la même occasion, je révèle tout le mécanisme des nombreux trafics que j’ai réalisés qui se pratique partout, à tous les niveaux dans la plupart des démocraties soumises aux règles capitalistes et aux lois de la justice qui les protège. 
Si vous êtes très, très riche, donc obligatoirement un vilain profiteur capitaliste, je vous indique une région sûre et peu connue où vous pourrez planquer votre magot en toute légalité. 
Flics, juges, trafiquants, truands ou oligarques et même simple pékin, ce livre devrait vivement vous intéresser.


Damnation.
Martina
Un nouvel amour enflamme mon corps et mon âme. Martina.
La foudre m’a touché. Je tombe éperdument amoureux.
Quelques mois plus tard, je me marie. Eh oui, l’amour fou rend fou…
Dès cet instant ma vie bascule ; 
1 °) parce qu’elle est belle et fraîche, elle a 18 ans… 
2 °) parce que moi, pas très frais, j’en ai 38 . 

Atteint du syndrome de Faust je me lance à corps perdu dans la recherche utopique de ma jeunesse perdue.
Martina, avec sa beauté perverse, ce sont les amants qu’elle collectionne et rejette après usage. 
Ça suffit, c’est insupportable. Le dernier qui la veut pour lui seul, un coup de couteau dans le bide, met fin à ses prétentions. Crime passionnel, circonstances atténuantes, condamnation légère, prison, séparation.  
La mort du fils dans un amas de ferraille me replonge dans une douleur incommensurable que seul l’alcool à haute dose calme provisoirement.

Im Memoriam -  ✝ - 30-3-1970 - 17-3-1989


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Rédemption.







La rencontre de l’ultime chance avec la douce Cléo apaise enfin mes démons intérieurs. 






La rédemption survient dans les boîtes à jazz de La Nouvelle-Orléans, après avoir fait un doigt d’honneur à la grande faucheuse.

L’argent sale accumulé dans mes trafics est finalement investi et blanchi dans une fondation qui œuvre dans les médecines parallèles. 
La retraite venue, une vieillesse paisible remplie de mes souvenirs est la récompense à une résilience gagnée dans les tourbillons d’une vie aventureuse.


Comme vous pouvez le voir et le sentir... hum... hum, le monde a changé depuis ces cinquante dernières années, surtout dans les villes, alors après toutes ces années passées dans les zones urbaines ça suffit, nous partons à la campagne respirer l’air pur avec ce qui me reste de poumons après 50 années de clope et de gaz d’échappement sans catalyseur.
L’époque actuelle est extraordinaire, dangereuse et aléatoire.
Installés à l’écart de l’agitation du monde, sans plus aucune obligation, débarrassé des lancinantes questions d’argent, une petite retraite suffit à des petits besoins, illusions ou rêves de jeunesse envolés, retraite bien méritée, entrée dans le 3e âge, petit passage en EMS et sortie définitive dans le 4e — Vive la vie !


Oui, c’est comme ça que cela se passe — quand tout va bien — les fins de vie dans nos sociétés avancées.

















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